Bernini, Apolo e Dafne, 1622-1625, Galeria Borghese, Roma
"Nous traversâmes alors le fleuve à un gué, et nous découvrîmes un prodige de vignes : pour la partie qui sortait de la terre, le cep proprement dit était épais et de belle venue, mais, vers le haut, c'étaient des femmes qui avaient à partir des flancs ce qu'il fallait là où il fallait - c'est ainsi que nos peintres représentent Daphné au moment où elle se change en arbre quand Apollon se saisit d'elle. De l'extrémité de leurs doigts poussaient les sarments, chargés de grappes : Elles avaient même sur la tête, en guise de chevelure, des vrilles, des feuilles et des grappes.. Nous les abordâmes et elles nous saluèrent et nous firent bon accueil, les unes en lydien, les autres en indien, la plupart en grec. Elles nous embrassèrent sur la bouche ; sous l'effet de ce baiser, on était aussitôt ivre et on titubait . Pourtant, elles ne nous permettaient pas de cueillir leurs fruits, mais elles souffraient et criaient quand on tentait de les arracher. Il y en avait que désiraient s'unir a nous : deux de mes compagnons, s'étant ainsi approchés d'elles, ne pouvaient plus s'en détacher, mais restaient collés à elles par leur sexe : ils se mettaient à pousser avec elles, à prendre racine avec elles, et déjà leurs doigts étaient changés en sarments et, entremêlant leurs vrilles aux leurs, laissaient l'impression qu'ils allaient bientôt, à leur tour, donner des raisins."
Lucien (de Samosate), Histoires Vraies e autre oeuvres, Século II.
(Atravessámos então o rio a vau, e descobrimos prodigiosas vinhas: na parte vizinha da terra, o tronco propriamente dito era espesso e bem desenvolvido, mas, da parte superior, saíam mulheres que tinham a partir da cintura o que era necessário onde era necessário - é assim que os nossos pintores representam Dafne no momento em que se transforma em árvore quando Apolo se aproxima dela. Da extremidade dos seus dedos cresciam parreiras, carregadas de cachos: Sobre a cabeça, como cabeleiras, tinham ramos, folhas e cachos. Abordámo-las e elas saudaram-nos calorosamente, umas em lidio, outras em indiano, a maior parte em grego. Beijaram-nos na boca; sob o efeito deste beijo, ficávamos imediatamente ébrios e titubeantes. No entanto, não nos permitiam colher os seus frutos, sofrendo e gritando quando os tentávamos arrancar. Algumas desejavam unir-se a nós: dois dos meus companheiros, que se aproximaram delas não mais se libertaram, continuando ligados pelo sexo: começavam a crescer com elas, a ganhar raiz com elas, e desde logo os seus dedos se transformaram em ramos e, entrelaçando as suas gavinhas com as delas, deixavam a impressão de que iam brevemente, também eles, dar uvas.)